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Finance

Génération la plus aisée : Comparaison des revenus des différentes tranches d’âge

Un parfum d’injustice flotte parfois entre deux tables d’un bistrot : d’un côté, un retraité surveille son portefeuille d’actions, de l’autre, une trentenaire additionne les heures, espérant que le mois ne s’étire pas plus vite que son salaire. Alors, qui mène vraiment la danse du confort financier ? Les jeunes qui rament, les boomers à l’abri, ou les seniors qui capitalisent ?

Les données bousculent bien des idées reçues. À y regarder de près, la distribution des richesses ne suit pas docilement le fil du temps. Héritages, fiches de paie, accès au logement : la course à la réussite réserve des détours inattendus, loin des clichés de génération dorée ou sacrifiée.

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Panorama des écarts de revenus selon les générations en France

La France affiche une inégalité de niveau de vie annuelle plus faible que la plupart des pays de l’OCDE, mais la question de la mobilité intergénérationnelle des revenus reste brûlante. L’INSEE observe que trois quarts des enfants se retrouvent dans une tranche de revenu différente de celle de leurs parents. Pourtant, seuls 12 % réussissent à grimper tous les barreaux de l’échelle sociale. L’élasticité intergénérationnelle, entre 0,3 et 0,53, traduit une reproduction sociale qui, sans être écrasante, continue de façonner les destins.

Mais comment définit-on la fameuse classe moyenne ? L’OCDE la situe entre 75 % et 200 % du revenu médian, l’Observatoire des inégalités préfère une tranche allant des 30 % les moins riches aux 20 % les plus aisés, tandis que le Pew Research Center abaisse le seuil à 66 % du revenu médian. Pour la France, cela se traduit par un niveau de vie mensuel de 1 530 à 2 787 euros pour une personne seule, en 2021.

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Le rapport entre les 20 % les plus fortunés et les 20 % les plus modestes atteint 4,4 dans l’Hexagone – bien loin des 8,4 relevés aux États-Unis en 2019. Si cette mesure traduit une dispersion des revenus relativement contenue, elle ne dit rien des fractures générationnelles. D’ailleurs, la France se situe entre deux eaux : mieux lotie que les États-Unis en termes de mobilité des revenus, mais dépassée par les pays nordiques, le Canada ou la Suisse.

  • Mobilité intergénérationnelle : la France se situe dans la moyenne des pays développés
  • Classe moyenne : entre 1 530 et 2 787 euros mensuels pour une personne seule
  • Rapport entre extrêmes : 4,4 en France contre 8,4 de l’autre côté de l’Atlantique

Les inégalités de revenus se reproduisent donc moins brutalement en France qu’ailleurs, mais l’âge, la trajectoire familiale ou l’accès au patrimoine continuent d’imprimer leur marque.

Pourquoi certaines tranches d’âge sont-elles plus favorisées que d’autres ?

La mobilité intergénérationnelle façonne en profondeur la répartition des richesses. Selon l’INSEE, même si trois enfants sur quatre occupent une position différente de celle de leurs parents, ils ne sont que 12 % à franchir tous les paliers de la hiérarchie sociale. L’origine familiale, le niveau d’études atteint, la profession des parents : autant de facteurs qui pèsent encore lourdement sur la trajectoire individuelle.

Le poids de la famille ne se dément pas. Un enfant de cadre a six fois plus de chances de devenir cadre à son tour qu’un enfant d’ouvrier non qualifié. L’héritage, notamment immobilier, accentue ces différences et freine la progression des jeunes générations. Selon l’OCDE, il faudrait six générations à une famille modeste pour atteindre le revenu moyen français, contre cinq au Royaume-Uni et quatre en Suède.

  • Mobilité ascendante : meilleure qu’aux États-Unis et en Allemagne, mais moins dynamique que chez les Scandinaves
  • Élasticité intergénérationnelle : entre 0,3 et 0,53 selon les méthodes
  • Rôle des diplômes : l’enseignement supérieur reste un sésame, mais il ne gomme pas les inégalités de départ

Transmissions patrimoniales, accès inégal à l’éducation, professions intermédiaires qui se perpétuent : la carte des revenus reste, génération après génération, l’apanage de ceux qui partent avec une longueur d’avance.

Les 30-49 ans : une génération au sommet de la hiérarchie des revenus

La tranche des 30 à 49 ans domine sans conteste la hiérarchie des revenus en France. C’est là que se concentre le plus haut niveau de vie médian, loin devant les jeunes débutants ou les seniors à la retraite. L’INSEE le confirme : pour une personne seule, le revenu disponible de cette génération flirte avec le haut de la classe moyenne, entre 1 530 et 2 787 euros mensuels en 2021.

L’accès à la propriété immobilière joue un rôle clé. Les 30-49 ans affichent les plus forts taux d’accession à la propriété, gonflant ainsi leur patrimoine. Ils ont profité d’un marché du travail encore accueillant, de crédits immobiliers accessibles, et d’un contexte où les prix grimpaient mais restaient à portée lors de leurs premiers achats.

  • Atouts cumulés : stabilité professionnelle, double salaire fréquent, capacité d’épargne renforcée
  • Effet d’âge : sommet de carrière, promotions, progressions salariales concentrées sur cette période

La configuration familiale pèse aussi : jamais autant de foyers bi-actifs qu’entre 30 et 49 ans, ce qui dope mécaniquement le revenu médian. Au final, cette tranche d’âge règne sur la distribution des revenus, même si l’écart reste bien moins vertigineux qu’aux États-Unis (rapport de 4,4 contre 8,4 de l’autre côté de l’Atlantique).

revenus âge

Quels enjeux pour les jeunes et les seniors face à ces inégalités ?

Pour les jeunes générations, l’ascension sociale ressemble parfois à une montagne escarpée. Si la mobilité intergénérationnelle des revenus reste meilleure qu’aux États-Unis, la France ne rivalise pas avec la fluidité des pays nordiques ou du Canada. L’INSEE rappelle que, malgré les mouvements entre tranches de revenus, seuls 12 % des enfants parviennent à gravir tous les échelons. Impossible d’ignorer la persistance des inégalités transmises, accentuées par les écarts d’accès à la propriété et aux héritages.

  • La classe moyenne, selon l’OCDE, se situe entre 1 530 et 2 787 euros mensuels pour une personne seule – une barre difficile à franchir pour nombre de jeunes actifs
  • Patrimoine et héritage deviennent des facteurs de différenciation de plus en plus marqués, creusant les écarts au fil des générations

Les seniors, eux, profitent d’une accumulation patrimoniale historique, souvent issue de la flambée de l’immobilier et de taux de propriété record. Le ratio entre les 20 % les plus riches et les 20 % les moins aisés, certes modéré (4,4), masque la montée des disparités à l’intérieur même des générations, nourrie par la transmission du patrimoine. L’accès à la propriété et la faiblesse relative de la mobilité sociale laissent présager que, pour les jeunes, l’héritage familial pèsera bientôt plus lourd que le travail dans la conquête du confort économique.

Dans ce grand jeu de l’ascenseur social, la génération la plus aisée ne se contente pas d’occuper l’étage du dessus : elle verrouille les portes, laissant les suivants patienter sur le palier. Jusqu’au prochain sursaut collectif, qui sait ?

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