Le Trésor public américain ne tergiverse pas : pour lui, un don en cryptomonnaie n’est jamais un simple virement. Les dons en actifs numériques sont classés comme dons en nature, assortis de règles précises pour la déclaration et l’évaluation. Tandis que certaines plateformes de collecte de fonds boudent encore ces nouveaux moyens de paiement, le total des dons en crypto a pourtant franchi le cap du milliard de dollars sur l’année 2023.
Des organisations majeures du secteur caritatif ajoutent désormais à leur arsenal la possibilité de recevoir du Bitcoin, de l’Ethereum, voire des NFT. D’autres, en revanche, préfèrent temporiser, redoutant les sautes d’humeur des marchés et les exigences du régulateur. Pour celles qui franchissent le pas, chaque étape compte : choix du prestataire, adaptation des process, traitement fiscal… Accepter la crypto ne s’improvise pas.
Pourquoi les dons en cryptomonnaie séduisent de plus en plus les organisations à but non lucratif
La cryptomonnaie a franchi la frontière de l’expérimentation pour gagner le secteur associatif. Des noms comme la Croix-Rouge américaine, UNICEF, Save the Children ou Fidelity Charitable l’ont déjà intégrée à leurs outils de collecte. L’essor des dons en bitcoin, ethereum et autres actifs numériques transforme la philanthropie, lui donnant des dimensions plus globales, plus agiles, parfois plus rapides qu’auparavant.
Qu’est-ce qui motive ce basculement ? Une nouvelle génération de donateurs, issue de la « crypto-économie », cherche à soutenir des causes à sa façon, en contournant les réseaux bancaires traditionnels. Ces mécènes connectés veulent contribuer via des canaux en phase avec leurs usages. Pour les associations, ouvrir la porte aux cryptomonnaies, c’est aussi élargir le spectre des sources de financement, toucher des publics partout sur la planète, éviter les coûts prohibitifs et les délais d’un autre temps.
Voici les principaux avantages mis en avant par les acteurs convaincus :
- Accessibilité internationale : peu importe le continent, un donateur peut transférer des fonds en quelques minutes, sans se soucier du change.
- Frais réduits : la blockchain permet de réaliser des transactions à moindre coût, loin des commissions bancaires classiques.
- Transparence : chaque don est traçable publiquement, ce qui renforce la confiance dans la gestion des fonds.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Fidelity Charitable annonce avoir reçu plus de 330 millions de dollars de dons en actifs numériques en 2021, soit une progression vertigineuse face aux 28 millions observés l’année précédente. Les associations accélèrent leur transformation, portées par de nouveaux leviers pour conjuguer innovation, rigueur et confiance.
Comprendre le fonctionnement des dons en crypto : étapes et solutions concrètes
Accepter la cryptomonnaie pour une organisation à but non lucratif n’a plus rien d’ésotérique. Plusieurs méthodes existent. La plus directe revient à créer une adresse de portefeuille crypto, qu’il s’agisse de bitcoin, d’ethereum ou encore de stablecoins comme l’USDC, puis à la partager auprès des soutiens. Cette approche exige une gestion autonome des actifs numériques et impose d’affronter leur volatilité.
Pour ceux qui privilégient la simplicité, des services spécialisés se sont développés. The Giving Block, Donorbox ou Renaissance Charitable permettent de recevoir spontanément des dons en crypto, de les convertir automatiquement en monnaie classique et de générer les justificatifs fiscaux attendus. L’intégration sur un site se fait facilement via une API ou un module dédié, compatible par exemple avec Shopify ou Stripe. Ce fonctionnement sans accrocs séduit aussi bien les grandes structures que les associations plus modestes, qui ajustent à leur gré la liste des cryptomonnaies acceptées.
Voici les étapes à envisager pour intégrer efficacement la crypto à ses dispositifs :
- Ouvrir ou sélectionner un portefeuille crypto sécurisé et adapté au profil de l’association ;
- Définir le mode de gestion : piloter en interne ou s’appuyer sur une plateforme spécialisée ;
- Mettre en place la conversion des fonds en monnaie classique si nécessaire ;
- Former les équipes pour assurer une bonne compréhension des rouages de la blockchain et de la gestion des actifs numériques.
L’arrivée d’acteurs comme Shopify et Stripe a largement contribué à réduire les obstacles techniques. Aujourd’hui, même une petite association peut élargir en quelques clics le champ de ses donateurs et sortir du modèle trop limité du circuit bancaire traditionnel.
Quels avantages fiscaux, transparence et nouvelles opportunités pour les associations ?
Le développement de la cryptomonnaie réinterroge les codes de la philanthropie. Son adoption par le secteur associatif ouvre de nouvelles perspectives, notamment sur la fiscalité et la façon de rendre des comptes. Au Canada, les dons en actifs numériques sont considérés comme des dons de biens. Sous certaines conditions, cela permet de délivrer des reçus fiscaux équivalents à ceux délivrés pour la cession d’actions ou de biens meubles. Ce cadre, toujours en train d’évoluer, séduit les soutiens avertis, soucieux d’optimiser leur geste et leur fiscalité.
La blockchain, colonne vertébrale des cryptomonnaies, assure une traçabilité et une authenticité des transactions inédites. Chaque don, petit ou grand, laisse une empreinte consultable sans recours possible à la fraude ou l’opacité. Ce degré de transparence dissipe les doutes, renforce la confiance et transforme la relation entre association et donateur. Rapidité, faible niveau de frais : sous ces aspects, la crypto bouscule nettement les vieilles habitudes bancaires.
Les outils issus de la crypto ouvrent également de nouveaux canaux de financement à l’échelle internationale, immédiats, libérés des lenteurs et complications des systèmes bancaires traditionnels. Certaines solutions permettent même de garantir la discrétion des donateurs, un atout décisif pour celles et ceux qui préfèrent agir sans s’exposer.
Les NFT, un nouvel horizon pour la collecte de fonds caritative
L’essor des NFT redistribue les cartes pour la collecte au sein du secteur caritatif. Un NFT, pour non-fungible token, représente un actif numérique singulier, certifié sur la blockchain, à la provenance et l’authenticité démontrables. Les associations y trouvent un vecteur innovant pour sensibiliser, mobiliser et créer des liens différents avec leurs communautés.
Plusieurs campagnes récentes donnent déjà du relief à ces nouvelles pratiques. Save the Children a intégré les NFT dans ses campagnes, proposant aux donateurs une nouvelle manière de soutenir ses actions par l’acquisition d’œuvres numériques. L’Open Earth Foundation a levé des fonds grâce à la commercialisation de NFT artistiques, fusionnant engagement écologique et création digitale. Le World Wildlife Fund s’est lui aussi lancé, liant art numérique et protection de la biodiversité.
Voici les bénéfices que les associations soulignent le plus souvent :
- Accès à de nouveaux canaux de collecte, notamment auprès d’un public jeune, très à l’aise avec l’art digital et l’univers crypto ;
- Valorisation symbolique de l’engagement grâce à la possession d’un actif numérique unique, souvent très visible ;
- Traçabilité absolue de chaque transaction grâce à la blockchain.
Les NFT donnent naissance à des formes inexplorées de campagnes : dons interactifs, événements entièrement virtuels, expériences numériques immersives. Des projets portés par de grandes plateformes ou des artistes de renom repoussent peu à peu la frontière entre générosité, création artistique et engagement citoyen. Les associations se trouvent ainsi munies d’outils neufs pour capter l’attention, varier leurs sources de soutien et resserrer les liens avec leurs donateurs.
Au fil de cette mue, la philanthropie prend une allure inédite, ancrée dans la blockchain et propulsée par l’audace du numérique. Dans ce paysage mouvant, celles qui sauront évoluer façonneront sans doute les contours d’une générosité réinventée.

